Superbe soirée de slam hier, au O Patro Vys, comme on en avait pas vue depuis longtemps. Panel relevé, beaucoup de spectateurs, une bonne ambiance, des juges sympathiques et cohérents et de la poésie plein les oreilles. Notons aussi les ambiances sonores de Paolo Tofu qui ajoutent beaucoup au spectacle du slam. L'animateur aussi était en verve et, aux dires des gens, fort à l'aise sur scène.
La soirée a commencé par le sacrifice de Serge Lamothe, le gagnant du slam précédent. Il nous a livré un texte solide sur l'identité, un vrai régal pour l'esprit. Son style calme, ironique et profond tout à la fois fut une joie pour les spectateurs.
Il y avait de la nervosité dans l'air, certains en étaient à leur première soirée de compétition slam tels que Bernard Anton et Marc Landry. Ils ont bien fait, mais Anton a eu la lourde tâche de passer en premier. Marc Landry nous a livré deux excellents poèmes, s’il était nerveux en première ronde, il fut nettement plus à l’aise en seconde ronde. J’espère que nous allons le revoir régulièrement, car il a sa place dans le slam et sa présence va peut-être entraîner, éventuellement, la participation de d’autres poètes de sa génération. Francis Pellerin, qui a eu quelques pépins au début avec sa mémoire qui lui jouait des tours, a super bien performé malgré qu'il ait choisi de recommencer son slam après un faux départ. La nervosité partie, la mémoire revenue, il a été excellent, mais a perdu deux gros points et demi de pénalité. Dans un contexte serré comme hier, c'était un lourd handicap pour passer à la deuxième ronde.
Le jeune Rebell Trankill, qui n'en était pas du tout à ses premières armes, a livré certainement sa meilleure performance à vie. Il nous a livré deux poèmes très solides et émouvant. Sa performance a été irréprochable.
La LIQS fêtait hier son premier anniversaire, la ligue ayant été lancée officiellement en janvier 2007. D'ailleurs, on avait pensé à inviter des slameurs qui étaient là ce soir-là. Carl Bessette s'étant déjà proposé, d'autres ont accepté l'invitation tels Francis Pellerin, Frédérique Marleau et Pierre Boudreau. Marleau a été excellente, malgré un petit trou de mémoire lors de son premier texte. Ce petit incident n'a pas semblé ébranler son état d'esprit, elle a poursuivi avec la même joie irradiante et sensuelle !
Pierre Boudreau a précédé son poème en relançant un "vieux" débat entre les slameurs et les rappeurs (ou les slameurs qui rappent). Il a fait cela avec élégance, nous poussant plus à réfléchir et à rire qu'à nous dresser sur nos positions. Nous avons été quelques-uns à voir dans cette relance de polémique un signe de vitalité du slam. La scène montréalaise est la parfaite démonstration que le slam n'est pas unique, on l'a vu encore une fois hier, les styles co-habitent, se frottent, se repoussent et se co-pénètrent. Dénonciation sociale, poésie avant-gardiste, rythme rap, dramatisation, interprétation, cynisme.
Jocelyn Thouin nous en a fait voir de toutes couleurs avec sa préparation minutieuse. À titre d'exemple, il a fait un slam en pieds de bas (lui qui faisait partie d'un groupe poétique qui s'appelait justement les Pieds de bas si j'ai bonne mémoire - une idée comme ça, pourquoi les Pieds de bas ne feraient-ils pas un slam en équipe lors d'une soirée au O Patro Vys - rappelons que les groupes peuvent s'inscrire au même titre que les individus). Il aurait enlevé ses bottes pour toucher le sol, être "groundé", en disant son texte portant sur ses origines québécoises mi-rurales et mi-urbaines (Pas évident de se rappeler les textes, ça passe vite !). Lors de sa deuxième prestation, il avait remis ses bottes et ça collait bien à son texte. Ses bottes auraient quasiment pu être perçues comme des accessoires, mais il les a plutôt utilisées comme une extension de son corps. Fallait le voir. Excellent. Ça lui a valu la deuxième position. – Une petite anecdote fort intéressante, lorsqu’il est monté sur scène à sa première présence, avant de commencer sa performance, il a déplacé le « trou de mémoire » qui se trouvait sur scène pour ne pas mettre les pieds dedans !
C'est Carl Bessette qui a terminé premier, avec deux textes fort difficiles. Que cela serve de motivation à ceux qui croient à tort que seuls les textes faciles se méritent une bonne note de la part des juges. Je pense qu'avec le temps, nous assistons à une certaine "évolution" dans les goûts des juges et du public. Certes plusieurs s'attendent à du rythme (et là-dessus je suis d’accord à 1000 %, ça prend du rythme, soit par scansion, soit par émulation poétique - je ferai un billet théorique là-dessus, un jour), plusieurs s'attendent à une interprétation pratiquement parfaite (diction, diction, diction), mais l'exigence poétique est de plus en plus grande, je veux dire de plus en plus partagée par les gens qui aiment le slam. Le slam sans poésie ne rime à rien !
Bravo à tous les slameurs, ce fut une soirée mémorable. Merci. Et merci aussi aux nombreux spectateurs. D'ailleurs, si je puis me permettre, il ne faut rien prendre pour acquis, il faut maintenir en marche la machine du bouche à oreille, il faut amener de nouveaux spectateurs au moulin du slam. Hier, en tout cas, on a senti que le slam pouvait aller loin, très loin. Tous les espoirs sont permis.
Ivy, qui a pris congé d'animation, était le maître du temps et le juge de ligne, pour reprendre l'expression de Sébastien Dulude.
C'est Mario Cholette qui l'a remplacé à l'animation. N'est-ce pas qu'il a l'air d'apprécier l'opportunité qui lui a été faite ?
Gageons que Marc Landry n'en était pas à sa dernière participation à la LIQS.
Frédérique Marleau
avait hier une belle présence sur scène, radieuse et rayonnante !
Rebelle et pas aussi tranquille qu'il veut bien le dire !
Pierre Boudreau qui a pris plaisir à allumer des feux !
Les photos sont une gracieuseté d'Anne Fortin.
5 commentaires:
Bonne chance,c'est beau continuez
votre belle performance,Queen ka nous
a manquée hier?????????
wow.. merci :)))
Il y en a qui ont le tour de se faire remarquer même quand elles ne sont pas là (sur scène) !
Merci au public, nombreux et éveillé. C'est cette énergie qui pousse le slammeur encore plus loin. Sans vous, pas de slam.
Bravo à vous les slameurs !
LL
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