Carl Bessette, Francis Lujan et moi sommes allés slamer à Sherbrooke, hier soir. Je prends le temps de vous raconter, ça en vaut la peine.
C’est Frank Poule qui nous a invité Carl et moi à venir slamer dans le cadre du lancement de la deuxième saison du Slam du Tremplin à Sherbrooke.
Francis s’est joint à nous dans le but de participer au micro ouvert qui suivait la session de slam.
Nous avons pris la route vers 16h00 par un temps clair, mais frais. L’heure de pointe montréalais s’amorçait. Nous avons emprunté le Pont Champlain en direction de Sherbrooke.
- On va passer au-dessus de ma rivière, m’a lancé Carl lorsque nous avons emprunté l’autoroute 10.
- Comment ça ?
- On va traverser la région de mon enfance. La ville de Richelieu.
- Comme c’est hot ! Je suis né à Verdun (que nous venions pratiquement de croiser), et j’ai passé toute mon enfance et mon adolescence à Chambly, juste en face de Richelieu !
Nous avions un sujet de conversation assuré pour la durée du voyage !
On a traversé la Montérégie en évoquant des souvenirs émouvants, puis nous avons vu le soleil se coucher sur les vallons des Cantons de l’est colorés par l’automne. Splendide !
Frank Poule, Sophie Jeukens et David Goudreault nous ont accueilli avec chaleur au Tremplin, un centre culturel pour jeunes. La salle s’est remplie lentement jusqu’à sa pleine capacité.
Nous avons fait deux slams chacun – on a tous cartonné comme dirait Carl ! Comme il y avait plusieurs adolescents dans la salle, j’en ai profité pour faire Ciel étrange, un slam qui évoque le destin tragique de jeunes personnes.
Le micro ouvert a été fort intéressant, avec de belles surprises, dont deux dames de Granby et un jeune garçon qui slamait à la manière rap. Francis Lujan a performé à deux occasions, chaque fois il a été fort applaudi.
Nous sommes retournés le cœur gai vers Montréal en empruntant l’autoroute par une nuit fraîche et pleine de surprises.
La pluie et la brume se sont successivement jetées à travers notre route. Le vent secouait par moment ma petite écho qui filait fièrement vers le bercail sans trop se soucier des nombreuses zones de travaux qui s’ajoutaient aux caprices de la météo. De massifs cônes en plastique orange et blanc, ceinturés à la base d’un demi pneu recyclé, jalonnaient notre chemin et me rappelaient bizarrement les pistes Hot Wheels de mon enfance.
Par moment, le trafic vers Montréal et celui vers Sherbrooke se croisaient sur le même côté d’autoroute. Entre les deux courants se dressaient une rangée de cônes orange…
À l’allée, je m’étais demandé ce qui arriverait si on accrochait un de ses cônes. Sur le retour, j’ai dit à Carl : « On dirait que j’ai peur des cônes, je roule en me tassant pratiquement jusque dans la voie d’accotement. »
Prémonition ?
Le temps se calme. Dans une zone de travaux, à notre gauche, de l’autre côté des nombreux cônes, passent les voitures. Deux 18 roues se pointent dans mon champ de vision. Soudainement, j’aperçois le premier des deux camions qui commence à déraper, à trois cents mètres devant moi. Le conducteur réussit à reprendre le contrôle de son camion, mais ses roues percutent les cônes orange. Un cône, deux cônes, trois, quatre, cinq cônes. Ils sont projetés dans les airs les uns après les autres comme s’il étaient des ballons de football bottés par un professionnel bien en forme. Une pluie de cônes de quatre pieds de haut s’abat sur la voie devant nous. L’un deux se dirige droit sur nous. Je crie pour avertir les autres… je me dis bon ça y est…
Je vois, par anticipation, la vitre de mon pare-brise éclater en morceaux.
Je me dis que je ne réussirai pas à passer à travers les cônes qui tombent devant nous. Je freine de toutes mes forces.
Le cône qui se dirigeait vers nous frappe le devant gauche de ma voiture, bang !, puis rebondit sur le toit, juste au-dessus de ma tête, bang !
Stupéfaction.
Les deux camions qui se suivaient sont déjà loin derrière nous. Je regarde Carl et Francis, nous sommes éberlués, sonnés, étrangement calmes, souriants, contents.
- On a une bonne étoile ! s’exclame Carl.
- Mets-en ! Hé ! On est en vie, on a rien ! Mon Dieu que la vie est belle !
Dangereux, je vous disais.
Je peux vous assurer que je suis excessivement heureux aujourd’hui de composer ce message avec mon cœur, ma tête, mes bras, mes doigts, et tout ce qui bat en moi.
Le simple fait de respirer est le plus beau des slams !
7 commentaires:
T'as pas eu trop la frousse ?
A.
Je sais pas si Mario l'a eue, mais moi, à le lire, je l'ai eue la frousse! Tellement contente que vous n'ayiez rien. Dites, entre étoiles, vous vous comprenez hein :-)
jx
Je sais pas si Mario l'a eue, mais moi, à le lire, je l'ai eue la frousse! Tellement contente que vous n'ayiez rien. Dites, entre étoiles, vous vous comprenez hein :-)
jx
ça y est, je me répète maintenant :-) désolée...
La tête, le coeur et les couilles...
De dire GCM
J'ai pas eu le temps d'avoir la frousse, ça passe tellement vite.
L'image des cônes dans les airs semble s'être imprimée dans mon esprit. Et quand je vois un de ces cônes orange et blancs (il y en a plein en ville en ce moment), et bien, je les trouve menaçants !
D'une certaine manière, ce fut une belle expérience.
C'est certain que je penserais autrement si quelqu'un s'était blessé.
J'aime penser que nous avons une bonne étoile.
Hello. And Bye.
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