dimanche 6 mai 2007

Impressions d'Amérique

Le slam est d'abord un mouvement populaire, démocratique. C'est un mouvement qui va du bas vers le haut. On n'a qu'à compter le nombre de scènes ouvertes partout dans le monde, le nombre de soirées de slam comme tel aux États-Unis, en Allemagne, au Québec, pour prendre conscience de l'ampleur du phénomène et en apercevoir le rhizome qui traverse toutes les couches de la société. Entre l'influence urbaine du rap et la poésie post-moderne, entre la complainte rimée et la poésie exploréenne, sonore, entre le règlement de compte et l'apologie du sexe opposé, le slam concentre dans son creuset toutes les énergies, les forces et les tensions du monde moderne.
De plus, combiné à l'immense pouvoir d'Internet, grâce aux blogs et Myspace par exemple, je crois que le slam n'a pas fini d'étendre ses tentacules.
Tant qu'à moi, j'ai des idées de slam à la tonne. Je me sens comme un enfant devant un nouveau type de bonbon. Curieux, excité, "groundé".
Ceux qui me connaissent depuis longtemps ne sont pas surpris de cet engouement, ils sourient certainement à voir que je retrouve cet entrain qui a toujours été mien, mais qui n'a pas toujours trouvé place pour s'extérioriser.
Je vous dis que j'ai des tonnes d'idées. Je prépare trois autres slams pour La 12e édition de Nuit Blanche sur Tableau Noir
que je pourrai reprendre lors du Festival de la chanson de Tadoussac
J'ai d'autres idées, mais il est un peu tôt pour en parler...

Oui, le slam est un mouvement qui est peut-être avant tout sociologique.
C'est ouvrir une fenêtre pour aérer une maison qui a été trop longtemps close... (et oui, je parle de la poésie...)

L’écrivain et philosophe français, Georges Bataille, dans son étude de l’hétérologie (science qu’il a inventée), disait à propos du rire qu’il est une vague, une secousse qui ébranle la pyramide du pouvoir du bas vers le haut, du peuple vers les dirigeants.

Je vois le slam de la même manière. Ce besoin de s’exprimer qui est à la base du slam est une secousse qui monte, assurément.

On a encore rien vu...

12 commentaires:

Anonyme a dit...

Yep !

LL

Anonyme a dit...

En effet.

Ça reste une pratique assez vulgaire. Ça gagnerait à s'annoblir.

Pour y être allée quelques fois, je peux vous dire que j'en suis toujours repartie déçue, écoeurée par la vulgarité de vos auteurs.


Le slam a comme ancêtre lointain le théâtre élizabéthain, celui là même qui a formé Shakespeare.

Il ne perd rien à monter dans "l'échelle alimentaire".

Reste à voir jusqu'à quel point vous, monsieur Cholette, saurez le faire avaler son public.

Anonyme a dit...

Le slam vulgaire ! C'est une bonne joke ! Ma grand maman adore grand corps malade, si c'était vulgaire, a petterait une crise cardiaque...
Vous devriez écouter du rap, ça vous remetterait les pendules à l'heure...

LL

Anonyme a dit...

Il y a autant de rapport entre le slam et shakespeare qu'il y en a entre une moto-neige et un papillon...

Jack a dit...

Olé! C'est bien «les réparties». À mes humbles consonances, la «variété» populaire du slam est une force, je le crois, pas une faiblesse. Et je saisi, partage tout à fait l'enthousiasme d'un vieux routier de la poésie : ouvrir les fenêtres, mon Dieu, oui! La vulgarité? Le slam est d'abord un jeu qui vise, entre autres, la spontanéité. À mes yeux, la tristesse de mes contemporains me préoccupe bien davantage que la vulgarité. Car mes contemporains me disent le monde. Enfin, avec mon grand âge, quel plaisir j'ai à croiser tout en tas rappeurs de la vulgate, conteurs, raconteux de bouts de napkins, comédiens-philosophes, poètes zétablis et autres jeunes fleurs humaines cultivant la parole... Comme disait mon ami Éric de l'Oiseau à propos de la peinture à Montréal, du temps qu'il faisait de la radio jazz : ben oui, on n'y échappe pas, l'art est un peu sale! Nos mains sont sales. Et les baisers au loin nous suivent... Ceci ne valide rien. Mais à quoi sert la morale alors que tout l'enjeu est de créer collectivement du sens?

Mario Cholette a dit...

Parfois, il suffit d'un seul mot, une seule image. Comme dans le commentaire de Jack qui dit "Et les baisers au loin nous suivent".
Des mots qui ont de la voix.

Isabelle St-Pierre a dit...

Ouais parlons-en de la vulgarité!!!
On est pas ici pour faire de la poésie fleur bleue de matante, mais on est pas non plus sur le plateau de Tout le monde en parle! Le slam est avant tout une tribune LIBRE et dans ce monde de fou il faut parler fort pour se faire entendre et c'est ça l'idée. Eh! Oui c'est un reflet de la grande tristesse contemporaine, moi je ne peux faire semblant que tout va bien dans le monde. Ouvrons les fenêtres toutes grandes! Moi je trouve ça bien plus vulgaire de voir des filles qui magasinent des sacoches et des strings made in china dans leurs bulles roses de parfum cheap de fashion victim, pendant que Sarko est déclaré grand vainqueur par un beau dimanche après midi sur la rue Mont-Royal.

Le slam est avant un lieu de rencontre fantastique et surtout un grand laboratoire de créativité. Nous avons la chance de pouvoir nous exprimer librement, sans censure, parfois avec démesure. Oui on se décrotte parfois le coeur en public mais il ne faut pas oublier que nous vivons ici au Québec, dans une paix relative et il faut cesser de jouer à l'autruche.

Isabelle St-Pierre a dit...

Voici une message qu'une amie française m'a fait suivre le jour après les élections...

Bonjour voici une réponse à mon matin gris-brun, réponse d'un slameur nantais-chilien, Patricio. Je me permets de le faire suivre car je le trouve lumineux.

"J'ai le souvenir d'un silence terrible. Un silence etouffant. Celui qui tombait sur la ville au moment du couvre feu. Et dans le silence,parfois, une rafale ; le moteur d'un camion militaire. Le Palais Presidentiel avait ete bombarde. Les partis politiques, les syndicats,le Congres, le Senat ... avaient ete suspendus. Les journaux, la radio ,la television etaient censures. Des gens etaient arretes par centaines.

A ma maniere, je sais ce qu'est le deni de la democratie, de la liberte et de la dignite humaine.
Hier soir, des manifestants defilaient. Une partie du cortege a emprunte la rue ou j'habite. En entendant le bruit, je me suis penche a la fenetre. J'ai vu des poubelles renversees, des portieres de voitures prises a partie a coup de pied, du mobilier de la ville vandalise. Les slogans que j'ai entendus c'etaient des insultes, des grossieretes. En
ironisant, je pourrais dire que cette manifestation m'a ouvert les yeux.En effet, les cris que j'ai entendus et les attitudes que j'ai vues m'ont fortement eclaire sur les valeurs de ceux qui les tenaient. Non,mesdames et messieurs, la fin ne justifie pas les moyens. "La forme,c'est le fond qui remonte a la surface" (je crois que c'est Victor Hugo qui l'a dit). La colere n'a pas tous les droits.C'est par la construction, par la creation que l'individu libre fait l'avenir. Le changement au Chili, la sortie du regime anti-democratique, a ete le fruit du travail constructif, dans le respect de l'autre de milliers d'opposants pacifiques qui n'ont pas eu recours a la violence.

Patricio"

Anonyme a dit...

Ne venez pas vous faire croire que ce que vous faites est bien : vous ne faites que changer de ghetto. Vous êtes incapables de rejoindre le vrai grand public.

Ce serait si mal de slammer pour les petites filles de la rue Mont-Royal? En même temps que vous slammeriez pour les poètes et les étudiants?

Non, je suis de l'avis d'Ève (si je ne suis pas elle?) : le slam c'est une contre-culture, ça n'en est pas une.

Vous gagneriez à en faire du théâtre d'été.

Comme le théâtre de Shakespeare rejoignait autant les nobles que la plèbe, ne croyez vous pas que le slam pourrait le faire aussi?

Et, à ce niveau, ne pensez-vous pas que vous feriez véritablement quelque chose pour la littérature?

Vous ne pensez pas que le slam deviendrait vraiment noble?

Je vous laisse y réfléchir ;-).

Mario Cholette a dit...

Elle est bien bonne ! Je rappelle au dernier commentateur que les slams de la LIQS ont lieu dans un bar, et qu'un bar c'est dix-huit ans et plus...

De plus, lors des derniers slams, il y avait plusieurs étudiants( du cégep au doctorat)(je pourrais même vous donner le matricule de certains d'entre eux !), il y avait plusieurs poètes (le bon sens me dit de ne pas les nommer, de ne pas les impliquer dans cette discussion), il y avait aussi plusieurs professeurs, je le sais car je suis moi-même professeur.
En pincipe je ne réponds aux commentaires non-fondés, mais je tiens à démontrer que le slam rejoint toutes les couches de la société.
En passant,arrêtez de parler d'Art noble ! Il y a eu des dizaines de révolutions à tavers l'histoire pour mettre fin à l'hégémonie des nobles sur le reste de la population, que l'on traitait de vulgaires...
Je vais composer un autre message sur ce sujet, un message pédagogique...
:)

Anonyme a dit...

Moi je pense à autre chose qui me ramène à la discussion: vous savez ce beau grand symbole de paix qu'est la colombe blanche... Quand on célèbre un mariage gitan, on arrache les deux ailes d'un colombe, car à leurs yeux, la colombe est l'animal le plus vil qui puisse exister. Trop facile à dompter, cet oiseau est foncièrement agressif, on peut difficilement en laisser deux ensemble dans une cage, les colombes s'entre-tuent.
Alors qu'est-ce que la vulgarité ou la noblesse: une question de perception. Pensez-y bien.
Moi je suis bien plus choquée par le silence ambiant qui couvre une hypocrisie sans borne et surtout une limitation, une ignorance non reconnue. Un homme qui a abusé de ses quatre enfants en prend pour trois mois de prison, ça c'est vulgaire!
Les mots chatte, queue, éjaculer et j'en passe peuvent avoir la plus grande douceur, porter le plus grand amour quand ils sont bien dit.
Mp

Anonyme a dit...

Décidément je crois que vous nous comprenez mal. Ce que nous cherchons à faire c'est rétablir la communication.

Si pour vous c'est rejoindre des étudiants, du cégep ou du doctorat...!

Et que faites-vous du reste? ;-)

Franchement, Virginie pogne plus que 8-miles, vous ne pensez pas?

Et les raisons pour lesquelles l'un pogne, peut-être sont-elles mauvaises?

Je ne vous dis pas lesquelles et je m'éclipse au plus vite : mon identité secrète pourrait tomber : j'ai fait valoir mon point et je ne tiens pas à m'exposer.

Ma réputation me précède et mon ennui...!

Je connais des tas d'étudiants (!) qui vont aux slams; ce ne sont pas des références!

Moi à votre place je serais inquiet ;-).