Vanier n’était pas une personne facile, malgré son génie poétique. Être avec lui était toute une aventure en soi, il oscillait entre le trait poétique, l’insulte et le compliment. Il était réellement particulier, on l’aura dix de mille manières.La première fois que je l’ai vu, c’était en 1990, au début de l’aventure Gaz Moutarde ( nous étions rendus au quatrième numéro.) Il lançait un livre au Cheval blanc, endroit où lui et sa blonde étaient pourtant barrés. Les Stars du rodéo. Je me suis assis à côté de lui à sa table, le cœur battant. C’était mon idole à l’époque. Je voulais l’inviter à une nuit de la poésie que j’organisais avec Pierre Bastien (le cinéaste). J’avais déjà des invités de marque (Paul Chamberland, Nicole Brossard, Lucien Francoeur, Claude Beausoleil, Jean-Paul Daoust, Pauline Harvey…), mais je voulais Vanier et Josée Yvon.
Il m’a regardé dans les yeux, d’un air de vedette de cinéma – c’était un très bel homme soit dit en passant ! – et il m’a dit, en souriant :
- Tu veux-tu te battre, toé ?
Je m’attendais un peu à cette réaction. Disons qu’il avait toute une réputation, le poète. Je lui ai répondu en le complimentant sur son œuvre. Il a ri. Il m’a présenté Josée Yvon. Puis nous avons parlé toute la soirée. Ils ont accepté mon invitation.
Vanier fut l’un des collaborateurs les plus réguliers de la revue – inutile de dire qu’il nous inspirait tous.
Je pourrais vous en parler pendant des heures. Je ne sais trop pourquoi je le fais aujourd’hui alors que je croule sous la correction, que j’ai un cours et deux performances à préparer… En écrivant cette dernière phrase, il m’est venu la réflexion que si je parle de Vanier après avoir évoqué la longue histoire de la poésie -cf. billet précédent-, c’est peut-être inconsciemment justement pour illustrer le caractère « longue durée » de la poésie. Et peut-être transmettre une parcelle de la fébrilité qui m’anime depuis longtemps et qui m’amène à vouloir rassembler les gens autour de la poésie.
En passant, cette Nuit de la poésie que nous avions intitulée Décadencre fut un succès. Une quarantaine de poètes, une salle comble (c’était le premier show du lion d’or depuis une vingtaine d’années sinon plus, nous avions dû louer des tables et des chaises, de l’éclairage, une console, bref tout ce qu’il fallait pour faire un show, il n’y avait rien au Lion d’or !) Je crois que les rushs de la soirée existent encore, Bastien avait tout filmé avec son équipe.
Je voulais vous parler du dernier slam session. Ce fut une soirée agréable. Avec encore de belles découvertes. Dont la poète sur la photo, dont je ne connais pas le nom. Elle était calme, douce, comme au centre d'un maelstrom.
































