Jacques Desmarais (le poète et blogueur de Train de Nuit ), Daniel Guimond (auteur de nombreux livres de poésie et également blogueur ) et moi avons eu un échange sur le trottoir de la rue Saint-Denis, lors de la pause du slam session de dimanche dernier, en évoquant des souvenirs du regretté poète Denis Vanier que nous avons tous les trois connu. Vanier n’était pas une personne facile, malgré son génie poétique. Être avec lui était toute une aventure en soi, il oscillait entre le trait poétique, l’insulte et le compliment. Il était réellement particulier, on l’aura dix de mille manières.
La première fois que je l’ai vu, c’était en 1990, au début de l’aventure Gaz Moutarde ( nous étions rendus au quatrième numéro.) Il lançait un livre au Cheval blanc, endroit où lui et sa blonde étaient pourtant barrés. Les Stars du rodéo. Je me suis assis à côté de lui à sa table, le cœur battant. C’était mon idole à l’époque. Je voulais l’inviter à une nuit de la poésie que j’organisais avec Pierre Bastien (le cinéaste). J’avais déjà des invités de marque (Paul Chamberland, Nicole Brossard, Lucien Francoeur, Claude Beausoleil, Jean-Paul Daoust, Pauline Harvey…), mais je voulais Vanier et Josée Yvon.
Il m’a regardé dans les yeux, d’un air de vedette de cinéma – c’était un très bel homme soit dit en passant ! – et il m’a dit, en souriant :
- Tu veux-tu te battre, toé ?
Je m’attendais un peu à cette réaction. Disons qu’il avait toute une réputation, le poète. Je lui ai répondu en le complimentant sur son œuvre. Il a ri. Il m’a présenté Josée Yvon. Puis nous avons parlé toute la soirée. Ils ont accepté mon invitation.
Vanier fut l’un des collaborateurs les plus réguliers de la revue – inutile de dire qu’il nous inspirait tous.
Je pourrais vous en parler pendant des heures. Je ne sais trop pourquoi je le fais aujourd’hui alors que je croule sous la correction, que j’ai un cours et deux performances à préparer… En écrivant cette dernière phrase, il m’est venu la réflexion que si je parle de Vanier après avoir évoqué la longue histoire de la poésie -cf. billet précédent-, c’est peut-être inconsciemment justement pour illustrer le caractère « longue durée » de la poésie. Et peut-être transmettre une parcelle de la fébrilité qui m’anime depuis longtemps et qui m’amène à vouloir rassembler les gens autour de la poésie.
En passant, cette Nuit de la poésie que nous avions intitulée Décadencre fut un succès. Une quarantaine de poètes, une salle comble (c’était le premier show du lion d’or depuis une vingtaine d’années sinon plus, nous avions dû louer des tables et des chaises, de l’éclairage, une console, bref tout ce qu’il fallait pour faire un show, il n’y avait rien au Lion d’or !) Je crois que les rushs de la soirée existent encore, Bastien avait tout filmé avec son équipe.
Je voulais vous parler du dernier slam session. Ce fut une soirée agréable. Avec encore de belles découvertes. Dont la poète sur la photo, dont je ne connais pas le nom. Elle était calme, douce, comme au centre d'un maelstrom.
8 commentaires:
Ça va laisser un gros vide.
A.P.
Le blog prend du panache, c'est très intéressant d'ouvrir plus large sur la poésie. Du moins, l'exercice de ce portail virtuel est plus pertinent.
Ce ne fut pas si facile obtenir la scène du Quai des Brumes, gardons-la...
Mpg
Peut-être y-a-t-il des intéressés, avec plus de diponibilité, qui pourraient donner un coup de main à l'entreprise, pour qu'elle te soit moins exigeante???
Car je suis d'accord, que cette scène en est une de taille, et ce serait dommage de déplacer cela ailleurs, maintenant que le plus gros du problème est résolu (Mise en marche)... Après tout le travail que tu y as investi, ce serait vraiment dommage, re-dommage...
Je suis du même avis, ce serait un véritable dommage de perdre ce slam session. Je trouves ca plutot sympathique, malgré les inconvénience de l'heure tardive, car contrairement aux compétitions, tout le monde peut y aller et ca donne parfois pour de plaisantes surprises.
pour la photo je pense que c'est Marie-Paule Grimaldi.
Non, ce n'est pas Marie-Paule ! (Si je ne reconnaissais pas Marie-Paule, je serais totalement sénile ! On est des amis depuis 10 ans...)
Non, je n'ai pas le monopole de la douceur en slam à Montréal, loin de là! Vive les femmes en poésie et dans l'exercice de slam! Mais il y a similitude, certainement...
Oui, 10 ans d'amitié Mario, lien si cher à mon coeur, à mes yeux, à ma tête. Un jour nous serons séniles, indubitablement, et j'ose espérer que nous nous reconnaitrons de manière tout aussi certaine! Je pousserais ta chaise roulante en te contant des poèmes ;) D'ici là, continue à nous partager ta vision de la poésie.
Merci
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